jeudi 14 novembre 2024

 

O liberté, que de crimes on commet en ton nom !
Auteur : Manon Roland (17 mars 1754 - 8 novembre 1793)

La liberté des autres étend la mienne à l'infini. Mikhaïl Bakounine

La liberté des uns s'arrête là où commence celle des autres » (peut-être inspiré par John Stuart Mill)

La liberté est le droit de faire ce que les lois permettent. Montesquieu

 

Algérie.

Deux témoignages.

Celle qu'on appelle maintenant la guerre d'Algérie, «les évènements» comme on disait à l'époque, a été vécue par quelques-uns de nos adhérents. Cette guerre a eu deux visages: un aspect répressif contre ceux qui prirent les armes contre la France, encore qu'il ne soit pas erronné, mais politiquement incorrect, d'affirmer que ces rebelles prirent surtout les armes contre les populations civiles d'Algérie. Dans les horreurs commises, ces crimes n'ont rien à envier au 7 octobre 2023 en Israël, en particulier les massacres du 20 août 1955 dans le Constantinois, dont un de nos deux membres qui raconte sa guerre d'Algérie fut le témoin horrifié. On parlait alors «d'opérations de maintien de l'ordre.» 

L'autre aspect de cette guerre, à laquelle l'histoire contemporaine semble moins s'intéresser, est caractérisé par les actions humanitaires de l'armée française au profit des populations rurales autochtones d'Algérie. On appelait ces actions: «la pacification» qui revêtait un triple volet: social avec des assistantes sociales, médicale avec médecins et infirmiers, éducative avec des appelés enseigants.

Raymond Lindemann, engagé volontaire, a vécu la lutte acharnée, sans merci, contre la rebellion. Marc Wallerand, appelé du contingent, raconte sa guerre dans son livre: «Ma Guerre en Kabylie», un vécu bien différent du témoignage de Raymond Lindemann. Raymond et Marc étaient donc voisins, si l'on peut dire, et auraient pu se rencontrer quelque part en Kabylie. L'un a surtout combattu, l'autre, même s'il a participé au maintien de l'ordre, comme la plupart des appelés, a surtout fait de la pacification.

Les deux témoignages, de nos deux anciens, reflètent donc parfaitement ce que fut la guerre d'Algérie pour l'armée française: lutte contre des terroristes sans pitié, action humanitaire au profit des populations autochtones.

Le témoignage de Raymond Lindemann reprend après son retour de captivité.

Quelques jours à Marseille, où j’embarque pour Ajaccio en permission de fin de campagne, séjour en famille, et à l’hôpital.

Toutes bonnes choses ayant une fin, le 11 février 1955 je rejoins Marseille puis Bayonne nouvelle implantation de la 1ère 1/2 Brigade Coloniale de Commando Parachutistes, puis ce sera Mont-de-Marsan où le 3ème BCCP est en formation, avec un fort pourcentage d’appelés. L’accueil de certains Officiers et S/Officiers n’a pas été celui espéré. On nous a fait connaître « …que l’Armée n’avait plus besoin de chair à canon.. mais de techniciens spécialistes et autres… » Nos conditions n’étaient pas favorables, tout était fait pour nous rabaisser. Je me suis trouvé désigné pourvoyeur d’un jeune appelé tireur au FM… Ce traitement avait pour effet de remplir les salles de police. C’est là qu’un matin, un nouveau Commandant se fera présenter « les punis », leurs antécédents ; je suis du lot. Il s’agit du Commandant LENOIR futur Chef du 3ème BCCP. La punition terminée, nous sommes désignés d’office, au peloton d’élèves gradés et retrouvons des fonctions au sein de l’unité, plus compatibles avec notre ancienneté. Je souscris un rengagement  de 4 ans, dans l’espoir d’une affectation au 4ème BCCP en garnison à Dakar.

Espoir déçu, les évènements d’Algérie mettent en alerte le bataillon. Celui-ci est renforcé par de nouveaux appelés récemment brevetés Para - environ 50% de l’effectif - pour former une 4ème Cie. Entraînement intensif, manœuvres diverses, notamment une semaine à La Courtine. Je suis affecté à la 3ème compagnie.

Le 14 juillet, défilé à Paris sous commandement du Lieutenant-Colonel BIGEARD. 

De retour à Mont-de-Marsan, les permissions terminées, le bataillon est dirigé sur Marseille au camp de Ste Marthe.

Le 7 août embarquement sur « le Kerouan » direction l’Afrique du Nord; nous débarquons à Alger le 8, pour rejoindre notre lieu d’activité à Constantine. Les compagnies sont dispersées, la 3ème est installée à Ouled-Rhamoune, à une vingtaine de kilomètres de Constantine. 

Le bataillon est commandé par le Commandant LENOIR, la 3ème compagnie par le Capitaine WOLKEMANN, mon chef de section est le Lieutenant FLAMANT, mon chef de groupe le Sergent GREGORY. Je fais partie de l’équipe voltige. Notre travail consiste à de petites opérations locales en protection de groupe de fermes où nous logeons, et prenons la mesure du terrain à parcourir. Pas d’accrochage, quelques tirs sporadiques, quelques arbres fruitiers abattus, enfin presque du repos.

A partir du 18 août, le bataillon au complet est en alerte aux environs de Constantine. Le 20 en alerte, transport en camions vers Philippeville, où un massacre de civils vient d’avoir lieu. Notre mission est de bloquer les sorties de la ville, et contrôler les fuyards. Beaucoup d’arrestations, de suspects, puis prise de position dans certains quartiers. Les combats ont été menés par  le 2/1RCP et le 3ème REP. Nous ne pouvons que constater avec dégoût le travail des assassins du FLN sur les enfants et les femmes. Une section du Bataillon est héliportée sur El-Halia village proche. Leurs découvertes seront à la hauteur de la folle sauvagerie des assassins. Suite à ce tragique épisode, après avoir sécurisé la zone, nous repartons en opération du 22 au 28 août dans les Nemencha à Hel-Mezzia où la 1ère et la 3ème Cie accrochent, et engagent le combat. Bilan : une vingtaine de HLL tués, 17 armes récupérées. Je gagne ma première citation.

Les mois suivants se passent à crapahuter dans le djebel avec quelques petits résultats et beaucoup de fatigue.

Le 1er novembre 1955, le 3ème BPC devient le 3ème RPC sous le commandement du Lieutenant-Colonel BIGEARD. Le Commandant LENOIR, Adjoint. Le rythme des opérations s’intensifie. Durant l’année 1955, nous opérons dans le massif de l’Edough, puis dans le secteur de Mascara où nous éliminons une dizaine de HLL et ferons une importante saisie d’armes. L’aspirant Guy CADOT de la 3ème Cie, mon chef de section par intérim est tué.

Je suis nommé Caporal et Chef d’équipe voltige le 12 février 1956; à cette date nous sommes en Kabylie avec de gros accrochages, puis au Sud de Oued-Seddour sont éliminés une quarantaine de HLL et 12O armes sont prises. 

Dans le Djebel Ifri en Kabylie - première OP héliportée - de bons résultats sur plusieurs accrochages. De mars à mai OP dans la région de Duvivier secteur de Bône, notamment du 8 au 13 mars interception à l’aide d’hélicos, de déserteurs du 3ème RTA où après de durs combats 130 HLL et Tirailleurs Algériens sont tués, 15 Tirailleurs déserteurs fait prisonniers, toutes les armes sont récupérées. Les OP avec accrochages se suivent, Constantinois, Souk-Ahras, Djebel Menchoura au Nord de Guelma, Oued Boubou en frontière Tunisienne.

Début Juin à Djedida Nemencha, avec un renfort de la 2ème Cie du 1er BEP, accrochage avec une katiba d’environ 200 HLL; Ils subissent de lourdes pertes. Chez nous 2 Paras tués, 16 blessés. J’obtiens là, ma deuxième citation le 9 juin 1956. Le 5 août, le 3ème RPC est de retour à Bône après 3 mois de marches, de combats sous un soleil de plomb, souvent des nuits glaciales, dans des paysages d’apocalypse. Le ravitaillement en eau, nourriture et munitions est acheminé par hélico.

Le bilan du 3ème RPC est d’environ 160 HLL tués, 90 armes récupérées. Les pertes du régiment sont de 12 Paras tués, 48 blessés dont le LT Colonel BIGEARD.  Après cette période, nous serons de repos à la COTOCOP de Bône.

Durant cette période, le Lt Colonel BIGEARD va être victime d’un attentat, alors qu’il effectue son habituel footing matinal sur les quais de Bône. Un HLL caché vraisemblablement derrière des conteneurs, l’attendait  pour tirer une rafale à bout portant, occasionnant de graves blessures. Les consignes seront de ne pas agir en représailles; malgré cela, quelques « dérapages » ont eu lieu.

Depuis le mois de juillet, nous faisons partie de la 10ème division Parachutiste avec les 1ER et 2ème RPC, le 1er REP, le 2/1RCP. Septembre: Sous les ordres du Commandant LENOIR, nous rejoignons Zeralda, où se regroupe une partie de la 10ème DP, pour préparer l’opération sur l’Egypte. Le mois passe en formation, réception des nouveaux, habillement. Nous recevons le nouvel équipement, tenue sable y compris la casquette BIGEARD. Quelques petites OP de secteur pour garder le rythme…

Début Octobre, à Dely-Ibrahim, un saut en parachute niveau régiment est prévu en répétition de ce qui nous attend. Pour moi, ce sera le dernier saut, une mauvaise ouverture, un arrivage au sol en très mauvaise position : fracture de la 3ème lombaire. Inapte aux troupes aéroportées et malgré de longs traitements, je suis remis à la vie civile. Je quitte le service actif en décembre 1958, pensionné à 35 % et une retraite proportionnelle à mon temps de service.

Le témoignage de Marc Wallerand

Extraits de son livre: «Ma Guerre en Kabylie».

Disponible chez l'auteur.

Eclaireur de pointe.

La vigilance ne cesse. De Tamazirt nous partîmes presque tous à la conquête de Michelet près de la grande chaîne de montagne du Djurdjura, en quatre camions. Patrouille de jour aux abords de la ville, en file indienne, espacés de vingt mètres environ. Nous fouillâmes un peu les villages si faibles en population et, me voilà dans une cour accompagné d’un harki. Trois femmes étaient à la porte de leur maison. J’en regardais une qui était si belle que je crus voir une star ou la sainte vierge de Lourdes avec des yeux bleus et de longs cheveux noirs. On se regarde et puis salut à plus tard peut-être ! Les femmes kabyles sont vraiment très belles ! Nous repartîmes mais je suis le premier avec mon pistolet mitrailleur et me voilà éclaireur de pointe. E suis bizarrement content d’occuper cette place, fier de moi, comptez sur moi pour avancer tranquilles. Pas pour longtemps cependant, au fur et à mesure du passage des gros cailloux du chemin, des buissons à répétition, ma réflexion s’installe puis ma responsabilité et enfin la peur de me faire mitrailler après un virage de ce petit chemin ou un sacré buisson. Alors, tout de même une petite heure après, je bifurque vers la gauche pour prendre un autre chemin; j descends versl'oued quelques mètres pour laisser le second passer devant moi. C'était un harki fonceur et habitué, Hocine. J'étais enfin plus rassuré de remonter  et de reprendre la seconde place. Notre intervalle était d edix à quinze mètres. Tout de même, j'étais infirmier, on avait besoin de moi et c'est plutôt absurde que je sois en première ligne. C'est le lieutenant monsieur Kerenneur qui m'avait placé en première ligne de pointe. Moi je suis pacifique au mieux le matin en allant avec mes médicaments soigner les Kabyles.

Le balcon.

Une patrouille de nuit me fit peur. Nous étions 9 sur le chemin qui borde la route nationale, en pleine nuit, avec l’éclaireur de pointe, un harki qui n’avait jamais peur, celui-là. Il fallait chacun son tour faire un bond pour traverser la rote et se poster de suite derrière un mur. J’étais l’avant - dernier à passer. Me voilà tout à coup au pied de ce petit mur de fermette maison. J’étais à côté du brigadier et j’avais entendu des craquements sur un balcon de maison ! Donc éventuellement un fellouz  à plat ventre derrière sa murette. La lune hélas m’éclairait parfaitement bien. J’attendais que mes copains à l’avant se dispersèrent pour avancer mais voilà  que j’entendis d’un balcon en bois,  des craquements régulier,  des pas lents d’une personne. Mon regard se porta à 10 mètres sur ce balcon du premier étage, je voyais comme un linge blanc défiler lentement entre les barreaux en bois.  Le craquement s’arrêta deux fois. J’étais tout recroquevillé derrière ce mur et ne pensais  qu’à riposter en lâchant  les deux doigts de la fenêtre d’éjection du PM (Mat 49), culasse ouverte. Le fusil mitrailleur AA52 est venu tardivement dans notre  corporation. Si rebelle y avait eu, il m’aurait vite arrosé. Je maudissais la lune trop éclairante, la peur me prit, la minute d’attente avait suffi amplement, je courais tout à coup sous ce balcon de planches sachant qu’il fallait voir sans être vu. Plus de pas. Je m’éloignais vers le bas de cette maison, en progressant par bonds vers les arbres pour rejoindre mon chef pas loin. Je lui  ai raconté, le reproche me fut fait, il fallait tirer. C’est vrai,  ce n’est pas la peine de voir la tête pour tirer, le corps aurait suffi mais un balcon n’est pas ici une cache. Ce sergent-chef était bien sympathique, il m’aurait voulu comme adjoint.  Mais impossible, j’appartenais à la section la section  autorité ayant besoin d’un infirmier et j’étais en plus le moniteur de sport et préposé à l’armurerie durant les deux mois d’Iril N’Tiguemounine où j’étais.

 

Le PM dessous.

Un caporal vint me voir un matin dans ma chambre de cantonnement, et me dit :

« dis donc hier matin au village tu as serré la main à des kabyles

- Oui

- Et bien le type du milieu avec sa djellaba blanche, il avait un PM dessous … Ouai !

- Sans blague ! Et alors ?

- Il n’est plus là, tu parles. Il faisait sa patrouille et il ne reviendra plus ! »

Je tressaillis mais je retournai au village comme d’habitude, chaque matin avec un harki, tête haute, un peu crispé sur ma droite en pensant à riposter avec le PM ou faire un bond vers un abri.

Et puis voilà, mais non rien, je suis toubib comme me disent les harkis, je suis un appelé et suis aimable et respectueux et je suis un homme « en or », j’ai quelques médicaments dans les poches, je les donne si besoin il y a, avec beaucoup de parcimonie bien sûr, il faut que je vois à ce qu’ils soient absorbés ; Ils sont dans une boite et dans mes poches de poitrine et des deux côtés de mon pantalon.  On ne m’a jamais appelé brancardier. En plus du porte-grenades à trois compartiments ficelé autour  de ma jambe gauche, a jambe droite est réservée pour le poignard, ma poche de poitrine gauche est plutôt réservée pour mes deux chargeurs  du pistolet  mitrailleur lorsque je suis en patrouille aux heures de fin de journée…

 Le matin j’avais deux programmes que le lieutenant laissait à mon libre arbitre. Outre ma spécialité d’enseigner le combat rapproché, c’était de soigner les gens. J’avais trente minutes d’exercice physique à faire  avec une quarantaine de  harkis dans la ferme ; un interprète (khodja) harki m’aidait. Après l’échauffement, c’était bien souvent des mots répétés tels que : coup de pied de pointe, parade, riposte, revenez ! etc…

Vers 9h30, j’allais dans le village avec un ou plus souvent deux harkis pour faire le toubib. La plupart du temps, c’était écouter les femmes expliquer leurs petits maux, boire un petit café (on ne se refuse rien). Leur santé était quelque chose comme excellente. Les piqures avec seringue hypodermique 5 CC ml,  à embout métal, s’effectuaient dans le local par le sergent-chef infirmier avec moi. J’avais dans ma boite  surtout Vitascorbal, sulfanilamide. En patrouille, j’emportais des pansements. Pour le crapahut je n’avais pas d’eau oxygénée mais de la teinture d’iode en petite bouteille et du mercurochrome en pommade ; j’avais même deux ampoules de morphine que le capitaine  médecin du bataillon m’avait confiées. C’est sûr que c’est un produit rare et cher ; à s’en servir exceptionnellement…

En supplément à ces témoignages,
une affection fréquente dans la population autochtone: la «koulchite»

Marc Wallerand nous précise que: «Leur santé était quelque chose comme excellente.»

Dans le bulletin n° 123 de décembre 2023 de «Ceux du Pharo» un ancien médecin militaire raconte ses souvenirs d'Algérie. Dans son témoignage passionnant et illustré de nombreuses anecdotes savoureuses, on peut lire notamment:

«Aidé d’un assistant arabe ou kabyle, selon le dialecte usité, le médecin tentait de faire le tri des vraies pathologies parmi les nombreux patients qui présentaient une koulchite (de l’arabe rani mreda koulchite : j’ai mal partout).»

Lire la suite : Algérie: deux témoignages

« J'étais à Dien Bien Phu ».

Engagé volontaire pour l’Indochine

Récit de Raymond Lindemann.

Membre de l'association des anciens des Troupes de marine de Drôme Ardèche.

A Ajaccio, le 24 septembre 1952, jour de mes 18 ans, autorisation maternelle en poche, accompagné par Mr. Sabatier, père d’un ami d’enfance - Capitaine en retraite de l’Arme Coloniale - je me présente à la caserne ABBATUCI où je signe un engagement de 3 ans au titre des Parachutistes, pour servir en Extrême Orient. Dirigé sur Bastia, je rejoins un groupe de nouveaux engagés, et embarquons pour Marseille

Le 3ème RIMa, entre dans la caserne Delestraint à Vannes.

Pris en charge, je suis dirigé sur Vannes où j’arrive le 1er octobre 1952, à la caserne DELESTRAINT. Après 5 semaines de classe accélérée, ordre serré, maniement d’armes, quelques séances de tir, le 12 novembre, nous voilà partis à pieds pour MEUCON, afin d’effectuer le stage de sauts. La marche dure 3 jours, sac au dos de 25 kg et armement.

C’est une épreuve sélective, d’endurance, de solidarité, avant le stage. Arrivés à MEUCON, nous avons perdu 10 % de l’effectif. Le mauvais temps aidant, le stage se déroule le 12 décembre. Nous portons enfin, le béret rouge, mon numéro de brevet sera le 66187. L’évènement fut arrosé de bonne manière avec les moyens du bord

Cette promotion, la 54ème forme la compagnie de renfort désignée pour servir en Extrême Orient. Nous recevons nos permissions (10 jours), l’embarquement est prévu le 29/12/1952. Je pars pour la Corse, et compte tenu des délais de route, ne suis de retour à St BRIEUX que le 2 janvier 1953. Le bateau est parti dans moi… Ce sera une chance au vu de l’instruction sommaire reçue. 

Affecté au 1er BPC 3ème Compagnie, ma formation se poursuit jusqu’au départ en Indo.

Raymond Lindemann, portant fièrement son brevet para, s'embarque à Marseille pour l'Indochine.

Le bataillon embarque à Marseille le 20 juin 1953, sur le PASTEUR, arrivé à HAÏPHONG le 1er juillet, direction HANOÏ par chemin de fer. Notre premier quartier est près du grand lac. Dès le 23 juillet, nous partons en opération dans le haut Laos, à XIENG-KOUANG. Nous faisons connaissance  avec les Viets, lors de petits accrochages, avec des éléments régionaux, et essuyons nos premières pertes.Le Bataillon est commandé par le Commandant SOUQUET. L’encadrement au niveau des S/Officiers est bon, notre moral également. La 3ème Cie est commandée par le Capitaine LESEC, je suis tireur à la mitrailleuse de 30.

Jusqu’au 17 septembre, nous opérons dans cette région montagneuse, couverte de forêts épaisses, pleine de bruits inconnus, et propre aux embuscades. Les marches sont extrêmement pénibles, sur des pistes souvent réduites à une simple trace dans la jungle. Ces quelques semaines ont eu pour nous valeur d’entraînement, et de mise en condition pour les opérations futures. Le bataillon est composé de très jeunes hommes entre 18 et 25 ans, mais l’encadrement formés d’anciens à 1 ou 2 séjours dans 80% des cas, de plus nous sommes jaunis à 30%.

Ce fut ensuite des opérations dans le Delta, les opérations «Brochet» 1-2-3-4, où nous apprenons à patauger dans les rizières. Dans la région de HONG YEN, dans le canal des bambous, nous sommes à la poursuite du Régiment 42. Nous faisons connaissance avec les mines et autre engins, avec pour conséquence des pertes sensibles.

Divers combats dans la région de CHO-GANH, mais malheureusement le Rgt.42 réussira à passer par un point faible du dispositif, avec néanmoins de lourdes pertes 640 tués 500 prisonniers. Parmi nous beaucoup de blessés et quelques tués sur des mines. Fin de l’OP retour à HANOÏ, dans de nouveaux quartiers, situés à la Cité ROBIN, près de l’Hôpital LANESSAN.

Après quelques jours de repos, occupés à monter la garde sur les terrains d’aviation, qui ont subi des attaques V.M, nous sommes mis en alerte aéroportée et consignés au quartier le 18 novembre 1953.

Segura, Raymond Lindemann portant sa mitrailleuse,  Boscheti tireur au mortier 60mm; Hanoï février 1954


 
 
 
 
 
 
 
 

Le 20 novembre, c’est l’OPA Castor, sur DIEN BIEN PHU. En début de matinée, le 6ème BPC saute en tête, assumant le plus gros du combat. Ensuite le 2/1 RCP est largué sur la Dz « Simone », mais loin de son objectif.

Notre unité saute vers 14h 3O sur la Dz « Natacha » en appuis du 6ème. Vers 16h 3O, après quelques combats sporadiques, la cuvette est investie.

Quelques blessés chez nous, le 6 a subi de grosses pertes.  Le lendemain, le bataillon est dirigé sur une colline, qui sera plus tard nommée « Dominique », à l’Est du dispositif. Notre travail principal consiste à creuser des tranchées, déboiser, construire des blockhaus, poser des barbelés, avec les moyens du bord…Une Cie par roulement descend travailler à la réfection du terrain d’aviation. Nous agissons par petits raids aux alentours, à travers la jungle, avec d’autres bataillons. Tous les indices relevés, indiquent la présence proche des Viet-Minh.

Le 11 décembre, le bataillon et une partie du 2/1 RCP se dirigent sur la RP41 à 5 km du centre de DIEN BIEN PHU. Vers 10 heures , à hauteur du village de BAN HIM LAM, la 1ère Cie du bataillon est assaillie par une vague de fantassins Viet, appuyés par de violents tirs de mortier. L’arrivée du reste des Unités avec l’intervention de l’Artillerie sauve la 1ère Cie de l’anéantissement. Les pertes sont sévères - 12 tués 26 blessés

Une fouille des cadavres ennemis révèle que l’embuscade a été montée par le Bataillon 888; les Viets viennent de faire leur apparition dans la cuvette.

Par la suite, nous intervenons en élément de recueil pour soutenir l’évacuation de LAÏ CHAU,  ils ont une centaine de kilomètres à parcourir à travers les unités V.M. Les marches dans la jungle sont épuisantes, au retour, nous mettons une vingtaine d’heures pour parcourir seulement 15 km.

En décembre à nouveau, en recueil pour soutenir le 1er BEP et le 5ème BPVN qui se replie après des combats meurtriers, à une dizaine de km de la cuvette.

Le 16 décembre, nous quittons la position. Les Dakotas nous ramènent à HANOÏ. La relève dans la cuvette sera faite par des Bataillons de toutes Armes. Nous ne fûmes pas longtemps au repos. L’offensive Viet Minh sur le moyen Laos était en cours.

Le 26 décembre, le groupement aéroporté n°1 dont notre Bataillon, est aéro-transporté sur SENO; où nous prenons position à une dizaine de Km de la base aéro terrestre.

Le 8 janvier 1954, le Bataillon, maintenant commandé par le Commandant BAZIN de BEUZON, est en position face au village de BAN NA KHAN. Une Cie part en reconnaissance sur le village et s’accroche avec des éléments V.M. Le bataillon au complet part sur l’objectif, tombe dans une terrible embuscade, montée par le bataillon 309 du Rgt 101 et des unités régionales. Les Viets attaquent par vagues au clairon. Le village est pris et repris; malheureusement sur une erreur de panneautage, 2 chasseurs bombardier lâchent 4 bidons de napalm sur la section du Lieutenant WEBER, qui montait à l’assaut du village - peu de survivants dans cette section, dont le Lieutenant.

Les pertes Viet Minh sont importantes, mais les nôtres également. Deux Officiers tués, 2 disparus, 2 blessés, pour la troupe 80 à 90 Paras tués blessés ou disparus. Le lendemain du combat, retour sur les lieux, 3 camarades brûlés par le napalm; les tenues camouflées collées dans la chair. Ils erraient dans les bois. Il n’y a malheureusement pas grand-chose à faire pour eux. Les Viets ont creusé une grande fosse pour enterrer les leurs. 

Après le moyen LAOS, ce fut le Haut LAOS, le 13 février, nous sommes parachutés dans la cuvette de MUONG-SAÏ, en renforcement de la garnison. Chaque sortie, nous mets en présence des Viets et plusieurs accrochages ont lieu. J’obtiens ma première citation.

Le 20 février,  l’attaque est proche, mais le 21 et le 22, les troupes de Giap décrochent et remontent vers Dieu Bien Phu.

Début mars, retour à Hanoï pour 2 à 3 jours de permission. Nous complétons nos Cie par des renforts venus de France;  nous voilà de garde sur le terrain d’aviation GIA LAM où les Viet Minh ont saboté et détruit une quinzaine d’avions. Entre temps, quelques opérations de contrôle autour d’HANOÏ ont lieu.

Les nouvelles de DIEN BIEN PHU sont alarmantes.

Les rotations d’hélicoptères sanitaires et les commentaires des pilotes nous laissent présager le pire. Malgré tout, nous n’avons qu’une hâte : sauter dans la cuvette et donner un coup de mains aux copains. Nous savons maintenant que les Viets ont une artillerie lourde et une DCA bien masquée sur les positions hautes.

Enfin le 30 avril, nous sommes mis en alerte aéroportée, consignés dans nos quartiers. Il est conseillé d’écrire à nos familles… J’ai retrouvé la lettre envoyée à ma mère.

Le 2 mai, nous trouvera dans les hangars du terrain de CAT-BI. Le temps est couvert, il pleut, nous attendons les ordres. Les équipements et parachutes bien alignés. La journée s’écoule dans l’impatience et l’angoisse. Nous recevons la visite d’Officiers supérieurs, un Général, on boit on mange, on somnole. Vers 22 heures, il pleut toujours les GMC nous conduisent sous les ailes : embarquement. Une heure passe, enfin l’autorisation de décollage est donnée. Nous sommes engoncés dans nos équipements, avec le maximum de munitions et de vivres. En ce qui me concerne, j’ai en plus une gaine accrochée à la jambe droite contenant mitrailleuse et une 1ère bande de cartouches - environ 15 kg.

Je dois la larguer avant mon atterrissage. 2 h5 O de vol, c’est long, les Dakotas volent à très haute altitude au-dessus de la cuvette, pour éviter au maximum la DCA, puis ils plongent un par un vers l’axe de largage. Soudain notre avion bascule, tous feux éteints, amorce sa descente vers la DZ matérialisée par un T de flammes.

Au nombre de 12 par appareil, le passage doit être rapide pour les pilotes. L’avion tangue, sautille, il pleut, la porte est ouverte , l’ordre « debout accroché » nous arrache de nos sièges. le 1er à la porte, compte tenu de mon équipement, j’ai tout loisir de voir ce qui se passe en bas. C’est l’enfer; le largueur donne les dernières consignes; je vois monter vers l’avion des gerbes de balles traçantes et des éclatements d’obus de DCA. J’ai l’impression que je vais sauter dans un brasier, du feu des éclatements partout. « GO » c’est parti, nous sautons à 2OO mètres environ, atterrissage ultra rapide, tirs de tous côtés. Nous arrivons en pleine attaque Viet Minh sur « HUGUETTE IV » Notre mot de ralliement est « ELIANE ». Nous sommes quelques-uns à être récupérés par des Légionnaires, dans un blockhaus plein de blessés. L’odeur est terrible, nous voici dans l’ambiance.

Au petit matin, après un regroupement des plus périlleux, nous progressons avec beaucoup de difficultés, sous des tirs d’artillerie , vers « Eliane III » puis « Eliane II ». Notre Commandant de Cie est le Capitaine Pouget. L’installation sur « Eliane II », en relève de la 1/13 DBLE s’effectue sous quelques tirs de 105 et de mortiers. Nous prenons position dans les tranchées et blockhaus laissés vacants. La 2ème Cie du Capitaine Edme est implantée dans le dispositif partie haute côté sud-ouest. La 3ème Cie, dont je suis, est en partie basse de la position. La pluie et l’artillerie ont rendu les postes de combat dans un état épouvantable, tranchées inondées, avec parfois des asticots, l’odeur est présente partout.

Le blockhaus qui m’est attribué est à moitié rempli de détritus. Une vingtaine de caissons sont stockés pour alimenter la mitrailleuse. Au nombre de 5 dans ce poste, moi comme tireur, R. GOURDIN chargeur 2ème tireur, 3 Paras vietnamiens comme pourvoyeurs et protection des pièces. A travers le créneau de cette casemate, nous pouvions voir à environ 80 mètres les arrivées des tranchées V.M. Un réseau de barbelés servait de no man’s land; on entendait les Viets travailler dans leurs tranchées, bruits d’outils, sons de voix. Quelquefois une silhouette apparaissait, aussitôt allumée par nos tirs.

Les ripostes sont vives, précises. Nous économisions nos munitions.

Les 4 et 5 mars, la position est harcelée par divers tirs de mortiers et souvent de 105. Tout déplacement pose problème, les snipers Viets sont précis et causent quelques pertes.

Le 6 mai à la levée du jour, on aperçoit sur le bord d’une tranchée Viet, des charges d’explosif, entreposées vraisemblablement pour une prochaine attaque. Les Sergents TRESENS, BORDAS, et le Sergent-chef QOUK rejoignent ma position. Après analyse, et à leur demande, je me porte volontaire pour ramener ces charges.

GOURDIN me couvre avec la mitrailleuse, à travers les chicanes, je rampe vers les positions adverses, mais je suis repéré, et les premiers tirs d’armes automatiques encadrent mon parcours. Je ramène une première charge sans difficulté. Le paquet pèse environ 10 kg, armé de détonateurs. Je repars pour la seconde, ça bouge dans les tranchées V.M, j’entends des cris, c’est sous un déluge de feu que je fais le deuxième voyage - mortier de 80 et 120 et toutes armes - Je suis blessé au mollet et au genoux droit. J’ai repéré une 3ème charge, près d’un cadavre V.M, je tente un troisième passage, mais la violence du feu m’interdit d’aller plus loin , je fonce vers ma position. Cette action me vaut une seconde citation. (Le Capitaine POUGET relate cette action, de manière quelque peu romancée, dans son livre « Nous étions à Dien Bien PHU » pages 333, 334, 339 et 340).

Le reste de la journée passe à subir des tirs de réglage V.M. Nous constatons une forte activité dans leurs positions. Quelques blessés, un voltigeur de ma pièce, tué. Il est installé dans un creux du blockhaus sur un tas de vieux vêtements. Nous savons maintenant que le gros coup se prépare. Des patrouilles légères VM s’approchent de nos installations sans trop insister, après quelques pertes.

En attendant, nous prenons un peu de repos et partageons notre dernière boîte de sardines, avec un bon coup de « vinogel ». Nous ne sommes plus que 3 survivants dans le blockhaus. R. GOURDIN, un Vietnamien et moi-même; suite à l’action matinale mes vêtements sont trempés, en lambeaux. J’ai pour tenue un pull dont j’ai coupé les manches et enfilé en guise de culotte, pieds nus - C’est ainsi, que je finirai la bataille, et la plus grande partie de la marche vers les camps -

Dans l’après-midi, une grande activité dans les tranchées VM; et après une heure de grand calme, le déluge; il est environ vers 17 heures, une avalanche d’obus de tous calibres s’abat sur nos positions, avec une précision diabolique. Pendant près de 2 heures, nous subissons un déluge de feu d’acier. La nuit tombe, c’est maintenant au tour des Dakotas de parachuter des lucioles pour éclairer la scène d’une couleur jaunâtre.


Soudain le calme revient. Pas pour longtemps, les premiers fantassins V.M débouchent des tranchées . Ils ont compris, plus d’attaques frontales en vague d’assaut, ils s’infiltrent dans nos positions de toutes parts. La fusillade est terrible, notre batterie de 105 restante et nos mortiers tirent sans arrêt. Ma mitrailleuse ne chôme pas, en 1 heure, 1heure 30 je passe une dizaine de caissons… L’attaque ralentit légèrement sur mon axe, mais ça déborde côté gauche, sur le sommet du piton. On ne s’entend plus, une charge explosive frappe mon créneau et vient à bout de ma mitrailleuse, inutile de chercher à la démonter, je récupère rapidement une carabine US M1, une bande chargeur et avec mon camarade GOURDIN, à travers le dédale des tranchées, souvent à découverts, les Viets courants à quelques mètres, nous attaquons une dangereuse remontée vers le sommet de la position, accompagnée par quelques Paras survivants de la première ligne, dont mon Commandant le Capitaine POUGET. Chacun tire pour forcer le passage, j’ai perdu mon 3ème Para Vietnamien. La 2ème Cie subit maintenant la poussée V.M, et nous a forcément dans sa ligne de mire. Enfin, la chance est avec nous; nous arrivons à nous établir tant bien que mal dans de nouvelles positions presque au sommet du piton.


Le Capitaine POUGET a disparu, seul GOURDIN est avec moi. Nous sommes auprès du Capitaine EDME, DIEN BIEN PHU est un brasier. Il doit être environ 22 heures, le combat fait rage sur l’ensemble du dispositif, ils sont dans nos tranchées souvent à moins de 5 mètres; cela se règle à la grenade, au PM, avec tout ce qui tombe entre nos mains. Le rapport de force est incalculable, nous ne sommes maintenant qu’une centaine de Paras en état de combattre, dont beaucoup de blessés. Les Viets attaquent à l’échelle du régiment, leurs renforts arrivent sans cesse. Nous nous replions en combattant pied à pied vers le sommet avec des pertes effroyables. Les blessés sont installés souvent dans des alvéoles creusées au flanc des tranchées, au-dessus du niveau de l’eau. Des gémissements, des cris de rage… et les Viets qui hurlent leurs slogans à la noix ! Au milieu de la nuit, nous ressentons une sorte de forte vibration sur la position, nous apprendrons plus tard que les Viets, à travers un souterrain creusé jusque sous le PC, ont fait partir une charge d’explosif d’environ 1T5. Lourdes pertes à la 2ème Cie ( le cratère est encore visible de nos jours sur « Eliane II »)

Dans mon secteur, seulement une poignée de survivants , la plupart blessés. J’ai eu le flanc droit criblé par des micros éclats de grenade. Nous nous retrouvons dans le blockhaus du Capitaine EDME. Il y a là GOURDIN blessé, Gaston BOSCHETTI blessé, Georges ASCENSIO blessé (radio du Cap. POUGET) et 4 à 5 autres Paras dont j’ai perdu le nom, et un Lieutenant DLO. Les Viets passent en courant devant l’entrée pour nous grenader. Sur le toit d’autres creusent une sape, pour faire sauter l’ouvrage. Le Capitaine EDME demande au dernier 105 de la cuvette de tirer directement sur nous. Les Viets reculent sous les obus, mais reviennent en nombre en gueulant de nous rendre. Nous nous préparons pour le baroud d’Honneur. La peur est dépassée, nous nageons en pleine inconscience, de toute manière nous n’avons plus de munition. Le Capitaine EDME hésite, mais devant l’inutilité du sacrifice et sur les injonctions DLO accepte de cesser le combat. Nous détruisons au mieux nos armes, épuisés, sans nourriture depuis la veille, presque sans eau, sans repos ni sommeil.


La ruée des bo-doï est immédiate, nous sommes séparés des gradés et des blessés intransportables, « …vous avez la vie sauve grâce à la bonté du vénérable Président Ho Chi Minh » ce slogan sera entendu souvent. Extraits du blockhaus sans ménagement, attachés par les mains et le cou, reliés au suivant par la même corde, nous sommes une dizaine à prendre la piste à travers les tranchées où baignent des cadavres. Accompagnés par des bo-doï et des coups de crosse. R. GOURDIN gravement blessé nous a quitté.

Nous allons marcher ainsi 2 jours environ, pieds nus sous la pluie, sur des pistes rendues glissantes. Les chutes se font en chaîne. Avec pour tout vêtement mon pull enfilé par les jambes… j’ai fière allure ! Nos malheurs rendent nos gardiens joyeux. Au bout de 3 jours, premier regroupement avec d’autres prisonniers, puis 2 jours de repos aux cours desquels nous subissons des interrogatoires dirigés par des officiers V.M et des commissaires politiques, et en permanence la propagande sur la clémence de l’oncle Ho, à qui nous devons la vie…

Maintenant la fatigue se fait sentir, le relâchement nerveux, la malnutrition, les conditions de détention, la pluie quasiment quotidienne, et les brimades pèsent. Les blessures s’infectent.  


La marche reprend vers un nouveau centre de regroupement plus important. La ration journalière de riz ne dépasse pas 4OO gr, les moyens de cuisson sont aléatoires et posent de graves problèmes. Une forte colonne de prisonniers nous rejoint; stupeur, ils sont pour la plupart  en treillis, bien chaussés, sac au dos plein de victuailles. Ils ne partagent rien, nous nous perdons en conjoncture à leur sujet. Après cette halte, la marche va reprendre pratiquement sans interruption vers les camps. Durant la dernière halte, le tri des prisonniers a été accompli; chaque nationalité est regroupée séparée des autres. La marche va durer 44 jours, nous marchons souvent la nuit de 20 à 30 km.

Dans les premiers jours, j’ai pris en charge un compatriote l’Adjudant-Chef MILLILERI du 6ème BPC qui blessé plus gravement que moi, avait des difficultés pour se déplacer. Pendant une bonne quinzaine de jours, je l’ai porté, tiré, poussé attendu à la halte pour réserver son riz, jusqu’à ce que les gardiens nous séparent. Nous nous sommes retrouvés avec émotion par la suite, en permission à AJACCIO, et plus tard au 3ème RPC en ALGERIE.

Durant ce périple, taraudé par la dysenterie, l’épuisement, la faim, les dartres amanites, je traîne en queue de convoi près du dernier Bo-doï. Mes «arrêts techniques» de plus en plus fréquents finissent par le lasser, il me laisse seul dans un buisson en bordure de la piste où je me suis réfugié. Sans doute croyait-il que ma fin était proche… Là je rencontre un camarade dont j’ai oublié le nom, dans le même état , nous sommes seuls sur la piste. La jungle de part et d’autre, le ventre creux sous la pluie, sans aucune idée de notre position. Notre escapade sera de courte durée, en fin d’après-midi une dizaine d’énergumènes armés de vieux fusils et d’arbalètes nous sautent dessus en hurlant, nous ligotent, et nous traînent quelques kilomètres plus loin, dans un petit village où nous sommes attachés chacun à un pilori de soutien d’un cagna. Nous passons la nuit assis sans nourriture sous l’oeil indifférent de paysans. Au préalable un responsable politique nous fait une longue leçon, nous interroge sur nos intentions, et nous menace en cas de récidive d’être fusillé. Au matin, détaché, une jeune femme nous apporte  une boule de riz, quelques légumes. Mon pull en lambeau ne recouvre plus grand chose, afin de ne pas choquer la pudeur des habitants, il m’est remis un morceau de toile de parachute, que j’adapte en paréo. Cette tenue rudimentaire a au moins le mérite d’atténuer la gêne causée par mes dartres amanites qui s’apaiseront un peu. Ainsi équipé, accompagnés d’un Bo-doï nous reprenons la piste. Cette séance de nuit, nous a un peu plus affaiblis, nous marchons quelques jours pour rejoindre un convoi à l’arrêt dans une clairière.  

La marche de la colonne a repris. Le commissaire politique entre deux harangues sur les vertus du communisme nous raconte la progression de la négociation de la convention de Genève avec M. MENDES FRANCE; et surtout il insinue que bientôt selon notre comportement, notre libération pourrait être envisagée… En attendant nous arrivons au camp 73, quelques cagnas ouvertes à tous les vents, un bas flanc de chaque côté en bambou tressé nous accueillent, une trentaine par paillote sans couverture et sans natte. Après les exhortations de rigueur par les responsables politiques V.M, les mises en garde en cas d’évasion, et les détails du programme qui nous attendaient, chacun rejoint son coin.

Le programme:  le matin réveillé très tôt pour le rassemblement devant les autorités, pour exprimer un remerciement unanime à l’oncle HO pour sa politique de clémence. Puis, suivait un cours politique sur les vertus du communisme, le respect dû à ses dirigeants et des séances d’autocritique individuelles. Il était de bon ton d’énoncer des atrocités que nous n’avions pas commises; les réticents étaient sanctionnés par la diminution des rations, des corvées supplémentaires qui dans notre état de délabrement physique et moral étaient souvent fatales. 

Nous avions 2 repas quotidiens, le matin et vers 17 heures, composés de riz et exceptionnellement de 3 patates douces, et rarement de 5 gr de gras de porc. Malgré cela les corvées étaient incessantes: le bois à 5 km environ, pour le ravitaillement de riz et de sel, équipé de balancier, il nous fallait une grosse journée de marche sous les insultes permanentes de nos gardiens. Les conseils dirigés des commissaires politiques étaient notre lot quotidien, la mortalité devenait inquiétante, 3 à 4 hommes mouraient chaque jour et beaucoup plus les derniers jours. Mais selon les Viets, c’était les mouches… les feuillets à ciel ouvert étaient à proximité des cagnas, armés de tapettes en bambou, 50 mouches abattues valaient une mauvaise banane ou un morceau de sucre roux. C’était toujours ça, pour agrémenter les menus des plus affaiblis.

Les bruits de libération commençait à courir parmi nous, relayés par nos gardiens. Le moral remontait fin juillet et un certain relâchement se faisait sentir sans pour autant voir améliorer nos conditions de vie.

Séance de rééducation politique.

Des hommes brisés physiquement et moralement...

Il nous a été  demandé de faire une lettre de remerciements au Président HO CHI MINH, pour sa politique de clémence et les bons traitements reçus.

Des hommes brisés physiquement moralement écrivaient cette prose, qui transmise par le Viet Minh, allait alimenter un certain journal en FRANCE pour rassurer ses lecteurs des bienfaits de notre captivité sur nos esprits.

Il serait trop long ici d’écrire dans le détail, les péripéties quotidiennes de la captivité, la somme de nos souffrances et les humiliations endurées. Beaucoup ont laissé leur vie dans ce village. Les tombes ouvertes et refermées, par des camarades épuisés, à la limite de leur force, sont disséminées tout autour du village.

L’heure de la libération est arrivée, malgré quelques fausses joies, de faux départs orchestrés par les commissaires politiques et le chef de camp. Enfin, nous rassemblons nos hardes, nous voilà partis le coeur plein d’espoir. En marche un jour et demi, nous longeons un fleuve sur lequel de grosses péniches ramènent vers leur camp des prisonniers V.M. libérés par les Français. Ils sont bien vêtus, sac au dos rempli, ils ne respirent pas la joie, il semble que le retour leur pose problème… nous arrivons au village de SAM SON en fin d’après-midi, dans un décor de banderoles de fête et entendons des slogans politiques pour la paix V.M. D’autres convois de prisonniers nous rejoignent pendant 3 à 4 jours. Nous sommes engraissés pour effacer nos misères… 

Le dernier jour grande fête populaire, alors que les convois des différents camps sont réunis. Osmose avec la population du village, chants, distribution de bananes, de 2 cigarettes marquées «La Paix dans le Monde», danse des villageois… notre impatience est de plus en plus grande.

Au dernier moment , ultime alerte «pédagogique» le responsable des festivités annonce avec tristesse, les larmes aux yeux, que les accords sont suspendus «…les Français ne rendent pas leurs prisonniers…les bateaux ne sont pas venus nous chercher…» Grosse déception, moral à zéro. Il faudra encore quelques heures d’insupportable angoisse pour que tout rentre dans l’ordre; nous sommes dirigés vers la plage de Sam Son. Vêtus de neuf de la tenue des soldats Viet Minh, sac au dos, casque de latanier, chaussés de sorte de tennis, nous avons fière allure et attendons la délivrance.  Au matin, enfin les médecins Français accompagnés de responsables V.M viennent prendre livraison des survivants. A la tristesse de leur regard en découvrant notre état, nous comprenons notre immense changement physique; avec 20 kg de moins, je faisais partie des mieux portant…

Ce 28 août nous embarquons sur les LCT, les commissaires politiques pousseront l’hypocrisie jusqu’au bout, en venant nous dire adieu avec presque des larmes…Sitôt à bord, d’un seul élan, les casques en latanier et les sacs à dos sont jetés à la mer devant les V.M. outrés par ce geste. Que dire de plus ? un bon repas à bord, bien entouré, nous arrivons à HAÏPHONG.

Là nous pouvons enfin nous laver, désinfecter, recevoir les premiers soins… et passer à l’interrogatoire de la Sécurité militaire, vraisemblablement en recherche de converti au communisme. Après plusieurs jours de repos, on sera transféré à l’hôpital de DALAT.

Le 26 septembre, nous embarquons pour SAÏGON sur le S/S Skogun direction La FRANCE. A bord, des remarques blessantes à l’encontre de certains blessés, de la part de marins sans doute proche du parti communiste. Débarquement à Marseille le 20 octobre 1954 où la plupart d’entre nous retrouvent leur famille.

Raymond Lindemann après sa libération. À Hanoï, le 4 ou 5 septembre 1954.

Il manque pas mal de kilos!

Mais nous devrons encore subir avec écoeurement les lazzis, insultes cris de haine d’une bande d’énergumènes toujours de la même obédience.
L’Indochine, c’est terminé pour nous.

Lire la suite : Engagé volontaire pour l’Indochine

Meilleurs voeux pour 2023

L'Association des anciens des Troupes de Marine de la Drôme et de l'Ardèche présente ses voeux pour l'année 2023 à toutes les visiteuses et tous les visiteurs du site.

Nous avons une pensée pour ceux qui nous ont quittés cette année passée, pour leurs familles éplorées par la perte d'un être cher.

Nos pensées vont également vers nos troupes, et bien sûr, surtout nos Troupes de Marine, si vaillantes, si courageuses, si déterminées pour mener à bien les missions qui leurs sont confiées.

Des éclats de rire, pour dissiper la morosité, 
De l'audace, pour oser inventer et créer autrement, 
De la confiance, pour s'épanouir pleinement, 
Des douceurs, pour croquer la vie à pleine dents, 
Du réconfort, pour être rassuré lors de moments délicats, 
De la bonté, pour le plaisir de donner aux autres, 
Des rayons d'espoir, pour illuminer nos idées et notre humeur, 
De la vaillance, pour aller de l'avant toujours
De la persévérance pour mener ses projets à bien.

Voilà tous nos voeux pour 2023, avec la santé en bonus.

Lire la suite : Meilleurs voeux pour 2023

Lettre adressée à Mme Thoraval

 

EnTete

Colonel (er) MICHEL Maurice

28 allée des Vignes de Beauregard.

07130 ST PERAY.

Tel 04 75 81 06 17

Mail : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser..

Madame Marie-Hélène THORAVAL

Maire de ROMANS

Hôtel de ville  

Place Jules NADY BP 1012.

26 102 ROMANS sur ISERE CEDEX

                     ST PERAY le 3 juin 2021.

Madame le Maire,

Par le réseau du Monde Combattant, l’Association des Anciens de l'Outre Mer et des Anciens Combattants des Troupes de Marine Drôme Ardèche que je préside, vient d’apprendre le projet de déménagement du Musée de la Résistance et de la Déportation dans les locaux des archives départementales situés dans la vieille ville de Romans. Ce projet soutenu par votre municipalité, fait actuellement l’objet d'une pétition contre cette initiative.  

Mon association ne peut rester indifférente à ce projet. En effet, le Musée actuel représente un lieu, hautement symbolique, accessible au public, où sont regroupés documents, objets et informations sur une époque à la fois tragique et glorieuse de l’histoire de la ville et de sa proche région. Pour notre association, il s’agit plus particulièrement des souvenirs évoquant les Tirailleurs Sénégalais du 11ème Cuirassiers, qui ont pris une part très active à la première libération de la ville le 22 août 1944.

Notre démarche n'a pas pour but de contester sur le fond, le projet de déménagement vers les Archives départementales, ou un autre lieu de la cité, s’il permet dans l'avenir, le libre accès du public aux collections dans les mêmes conditions que précédemment. En revanche notre association ne peut qu’être opposée à la disparition de fait de ce Musée si les collections ne devenaient accessibles qu’aux chercheurs ou historiens.

Une telle décision aurait pour effet de priver la population de la connaissance d’une page très importante de son Histoire.  Nous pensons également à la jeune communauté africaine de Romans, issue de l'immigration, en recherche de repères pour se situer dans notre communauté nationale. Elle peut découvrir, grâce aux collections de ce Musée, l’apport de leurs arrières grands pères à la Libération, en particulier de Romans, et développer le lien qui leur manque pour se sentir pleinement chez eux en France. 

En espérant qu’une solution satisfaisante pour toutes les parties concernées sera apportée à cette question sensible, je vous prie d'agréer, Madame le Maire, l'expression de mes sentiments respectueux.

L’ETAP, École des Troupes Aéroportées est basée à Pau au camp aspirant Zirnheld, auteur de la prière du parachutiste.

Les premières unités parachutistes françaises furent instruites sur le sol national peu avant la seconde guerre mondiale. Durant le conflit, la formation se poursuivit essentiellement chez nos alliés anglais. Dès 1946 différents centres d’instruction se créèrent en France, spécifiques à chaque armée. L’École des Troupes Aéroportées a été créée le 1er juin 1947 et s’installa à Pau en 1953. Elle forme les parachutistes des trois armées, terre, air, mer et de la gendarmerie.

La formation initiale aboutit au brevet de parachutiste militaire. L’ETAP assure également des formations spécialisées, délivrées aux instructeurs de l’école et aux différentes spécialités parachutistes (largeurs, chuteurs opérationnels, etc). L’école accentue son ouverture à l’international par l’envoi d’équipes de formateurs dans les pays demandeurs.

Merci à JP Sandoz pour l'envoi de cette vidéo.

Les tirailleurs sénégalais du 11ème Cuir

1. Le contexte historique.

 11 La détention à Lyon.

La détention à Lyon

En 1944, la 65ème Compagnie Sénégalaise (*) du GMICR n°5   (Groupement Militaires d’Indigènes Coloniaux Rapatriables) comptant 165 militaires était cantonnée à Lyon au camp de la DOUA. Elle était composée de soldats africains de tous horizons qui avaient été regroupés en attendant un éventuel rapatriement en Afrique .  Ses membres, prisonniers de guerre depuis l’occupation par les Allemands, étaient enfermés la nuit et soumis le jour à des travaux forcés, notamment au port de La Mulatière. Mal nourris, ils supportaient difficilement ce traitement et parmi eux nombreux étaient ceux qui souhaitaient rejoindre la Résistance….

12 Les Sénégalais rejoignent le maquis du Vercors

 La Résistance ayant pris contact avec le Sergent VILCHEZE, cadre européen de la Compagnie, une opération fut montée depuis le Vercors pour libérer ces Tirailleurs

Le 24 juin 1944, en fin de nuit, après avoir tué leurs 2 gardiens allemands, 52 tirailleurs (noms en annexe), aux ordres de VILCHEZE, rejoignent un détachement FFI qui les attend à proximité et embarquent dans 3 camions qui parviennent à quitter Lyon et à rejoindre le Vercors

 

Réarmés les Tirailleurs furent affectés au 11ème Régiment FFI de Cuirassiers. Aux ordres du Lieutenant MOINE et du Sergent VILCHEZE,  cantonnés à St AGNAN en Vercors , ils furent surtout utilisés à la garde du PC du Chef d’escadrons HUET dit « HERVIEUX » chef militaire du Vercors et du Chef d’escadrons GEYER , Commandant le 11ème Cuir.

(*)Terme d’usage pour désigner les soldats issus des différents pays de l’Afrique Noire française et non pas seulement du Sénégal. 

13 Les actions opérationnelles.

Le 5 Juillet : renfort au col de Grimone,  le 6  reconnaissance vers Nyons, le 10 couverture attaque d’un convoi ferroviaire  à Crest

Le 13 juillet création de la « Section Franche de Tirailleurs sénégalais ».

 A partir du 16/07 les Allemands encerclent et investissent le Vercors. Les Tirailleurs prennent position dans le dispositif   au sein des éléments des 6ème et du 12ème Bat de Chasseurs Alpins. (défense du Pas de l’Ane et de la Sambue).

Relevés le 21 /07 , ils vont rejoindre le 11ème Cuir dans des conditions climatiques épouvantables, en 2 détachements. : le détachement Moine et le détachement JOUNEAU dit « Georges » .

 

a) Le détachement Moine,

recherché par les Allemands, parvient en forêt de Lente avec armes et munitions, sans être détecté.(Pendant plusieurs jours il se nourrit de baies sauvages, de pousses d’arbre et boit la nuit  l’eau des ornières) . Ayant retrouvé le CE GEYER il assure la protection du PC à la ferme de Pelandré.

Le 30/ 07 attaqué par les Allemands il se replie en descendant par une corde une pente très raide. Les hommes restèrent toute une nuit attachés aux arbres par leurs ceinturons pour ne pas tomber dans le vide. Ils réussirent ainsi à échapper à leurs poursuivants.

b) Le Détachement « GEORGES »

défendait le secteur Sud Est du Vercors. Le 23/07 ses hommes  participent efficacement, à la défense d’une position au sud du Grand Veymont, face à une attaque allemande appuyée par de l’artillerie…  Le Général Pflaum reconnaitra « que son Groupe d’attaque avait rencontré une vive résistance ennemie » en ce point particulier.

A partir du 25  et  pendant 10 jours, traqués, ils se replient à travers les positions ennemies. Fatigués, sans eau ni nourriture, sans informations, ils parviennent sains et saufs à la Croix du Lautaret

c) Vers le 15 août,

les 2 détachements purent à nouveau se regrouper et constituèrent 2 sections aux ordres du Capitaine MOINE. Dans le cadre du 11ème Cuir ils participèrent à des actions de harcèlement des unités allemandes en retraite dans la vallée du Rhône.

Dans les deux détachements  du Vercors, les Africains furent le plus souvent en position d’éclaireurs, donc en tête, car, bien que ne connaissant pas la montagne, leur qualité de pisteur de brousse s’avéra précieuse pour détecter la présence de l’ennemi ou pour lui échapper.

14 La libération de ROMANS et de Bourg de Péage.

tirailleurs sénégalais  défilant à roimans sur IsèreGEYER ayant décidé d’attaquer ROMANS, le 22/08 les Tirailleurs participèrent à l’attaque de la ville défendue  par une forte garnison allemande (180 à 200 hommes). Ils donnèrent l’assaut (garage CITROEN et Caserne BON), puis réduisirent des résistances dans le centre ville avec des hommes du maquis « BOZAMBO » et d’autres éléments du maquis. .

(Pertes françaises 7 soldats tués dont le Tirailleur SAMBA  N’OUR.

Pertes allemandes 37 tués dont 3 officiers, 110 prisonniers et de nombreux blessés).

 Accueil enthousiaste de la population qui se croit enfin libérée, lors du défilé du 11ème Cuir et des unités des maquis dans les rues de la  ville,  le 23 aout  . 

 

Le 27/08 les blindés de la 11ème Panzer reprennent la ville et s’y maintiennent jusqu’au 30 août . Ne pouvant s’opposer efficacement à eux, les unités du maquis se replient sous le feu, sans perte pour les 2 sections de Sénégalais.

Après la libération définitive de la ville le 30 /08, les Tirailleurs seront dirigés sur Lyon.

15 La libération de LYON.

Renforcés par des isolés de la 65ème Cie du GMICR, les Tirailleurs du Capitaine MOINE constituèrent désormais «  l’Escadron sénégalais ». Ils  prennent d’assaut le quartier de la Part Dieu solidement défendu.

2 prises d’armes clôturèrent cette phase de combats pour le 11ème Cuir : le 8/09 à Romans où le régiment est acclamé, et le 14/09 à Lyon en présence du Gal de LATTRE 

En octobre 1944 en raison des mauvaises conditions climatiques et dans le cadre de l’opération « blanchiment », les Tirailleurs quittèrent le 11ème Cuir pour être dirigés sur HYERES, puis rejoignirent l’Afrique Noire que certains avaient quitté depuis plus de 5 ans.

 Nota

Sur la fresque du Musée de la Résistance à VASSIEUX, au milieu des Chasseurs, Cavaliers et FFI se trouve un Tirailleur sénégalais …. Juste hommage rendu à ces Africains.

TirailleurVassieux

Annexes.

Liste des Tirailleurs.

Lors de l’évasion du Camp de la DOUA, le sergent VILCHEZE  avait récupéré aux services administratifs de la 65ème Cie sénégalaise, une partie des dossiers des Tirailleurs évadés. Les documents détenus par le 11ème Cuir du Cdt GEYER, échapperont aux allemands lors de l’occupation du VERCORS. La liste des évadés a été établie par Jo La PICIRELLA , lui même présent le 23 juin lors de l’opération d’exfiltration des Tirailleurs  de Lyon .  

BAKIOU Bassane.

BIRAM Faye.

DIA MA DUNG.

DIARRA Boukary.

DIEMES Charles.

DIEYE Thiermo.

GOGUON GUYE Gilbert.

GORGAN Zoumanigui.

KAFALA Sanno .

KAMARA Mamoudou.

KEKOURA Baro.

KELY Guibo.

KI Soumaguon.

KINDA Diallo.

KITO Fayama.

KOLI Guilavogui.

KOMBA Célestin.

MAGA Diop.

MASSALA Robert.

MASSI Koulibaly.

METTOUA.

MOMARLO

MONABLO.

MOR M’Baye.

MOROU SALL.

MOUSSA Arouna.

N’DIAYE Laba.

N’ZAME Nize.

N’ZI BIKORO.

OLAI NEMA.

OUSMANN Cassana.

PANYO.

PEPE Dopavogui.

QUIVONGUI Ganoue.

SA Traoré.

SADIOUMA Kaïta.

SAMB N’Dour.

SAMBA Diallo.

SELA

SENE Diagane.

SIDI Konate.

SILATE Camara.

SOMA Denbadomo.

SUAN Billo.

SUAN Faye.

SUE BI Tidou.

TANOUE.

THIOR Salif.

TOLO Onivogui.

TUEB Tibou

WANIMO. BADA

ZIOUZOUHOUE

Bibliographie et Musées.

« La libération de ROMANS  et de Bourg de Péage ». Sauvegarde du patrimoine Romanais-Péageois.

« Pour l’amour de la France » . Drôme – Vercors 1940 1944. Fédération des Unités combattantes de la Résistance et des FFI de la Drôme

« Guide Mémorial du Vercors résistant ».  Patrice ESCOLAN , Lucien RATEL

« Témoignages sur le Vercors » . Dernière édition 1991   Joseph La PICIRELLA.

«  Mon journal sur le Vercors » Joseph La PICIRELLA.

« VERCORS, Premier maquis de France ».  Lieutenant STEPHEN

« Le Vercors raconté par ceux qui l’ont vécu ».  Edité par l’association nationale des Pionniers et Combattants Volontaires du Vercors.

« Combattant du Vercors ».  Gilbert JOSEPH.

« Héros méconnus ». Mémorial des combattants d’Afrique Noire et de Madagascar. Maurice RIVES et  Robert DIETRICH. 

 Divers

Musée de la Résistance de VASSIEUX en VERCORS.

Musée de la Résistance et de la Déportation de ROMANS.

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