Cette page est faite d'extraits d'un article sur Internet consacré à "Lyautey et la médecine". Il peut être consulté à cette adresse.
Lyautey et les médecins militaires.
Lyautey tenait en grande estime les médecins militaires. Ils étaient à ses yeux le principal et primordial instrument de la conquête du coeur des colonisés.
Voici ci-dessous, quelques unes des phrases qu'il a prononcées ou écrites à propos des médecins militaires qui eurent le grand honneur de servir sous ses ordres.
« Au sujet du rôle de la médecine et de l'hygiène aux colonies, je ne suis qu'un élève, le disciple de mon premier chef colonial, le général Galliéni qui, dans son Gouvernement Général de Madagascar, où je passai cinq ans sous ses ordres, avait, avec ses larges vues libérées de toute routine et de tout formalisme, si hautement compris non seulement le rôle militaire, mais le rôle politique, social et même économique du médecin ».
Aux Journées médicales de Bruxelles qu'il présidait en 1926, Lyautey déclarait notamment : "Ah oui, je le connais le médecin, pour l'avoir vu à son oeuvre féconde entre toutes, sous toutes les latitudes, et certes oui je l'aime, parce que je n'ai pas eu de collaborateur plus efficace pour la conception que je m'étais faite de la mission des nations européennes à l'égard des populations que la prodigieuse expansion coloniale réalisée depuis moins d'un siècle a mise à leur charge et sous leur responsabilité".
Lyautey demande 60 médecins. Pourquoi faire ?
« Je vais les employer ces soixante médecins à des formations médicales mobiles qui vont pénétrer peu à peu le pays, en assurant l'amélioration sanitaire et me faire une solide propagande politique. »
« qu'il n'est pas de fait plus solidement établi que l'efficacité du rôle du médecin comme agent d'attirance et de pacification ».
«L'appel aux intérêts matériels, la création de soins médicaux, à la condition que tous ces moyens soient doublés de forces militaires suffisantes pour les faire respecter, constituent les meilleurs modes d'action sur les tribus hostiles de notre voisinage où, même chez les plus turbulents, il existe toujours un parti sage et pacifique ».
« si j’avais à ma disposition une escouade de médecins munis de bons vaccins, je pourrais réduire au minimum l'opération militaire » ; et c'est là que Lyautey adresse son fameux télégramme à Galliéni : « Si vous pouvez m'envoyer quatre médecins de plus, je vous renvoie quatre compagnies. »
« Quelles que soient les conceptions, elles ne valent que par ceux qui les appliquent. Je vous en supplie, ne nous envoyez pas que des formules administratives, des machines et des instruments, envoyez-nous des âmes. Tout est là, des âmes généreuses, aimantes, convaincues. Après plus de trente ans de vie coloniale, j'atteste qu'il n'y a pas de profession où j'en ai rencontré de telles que chez le médecin ».
A propos du docteur Cristiani qu’il a vu œuvrer à Fès en 1912 :
« Voyez-le, auscultant le malade qu'on lui amène, la tête appuyée sur son cœur ; c'est bien sur le coeur de son malade qu'il se penche, pas seulement pour en écouter les pulsations, mais pour le comprendre et gagner sa confiance les yeux dans les yeux. Ce docteur Cristiani que la population de Fès, à son retour du front, accueillit comme elle n'accueillit jamais un sultan. Et tant d'autres, dont les noms me viennent aux lèvres - mais ils sont trop - faisant le sacrifice total de leur temps et de leur bien-être ».
Sa vision de l'organisation de la santé publique.
« il n'y a pas, écrit-t-il, une hygiène et une santé militaires et une hygiène et une santé civiles : les règles générales sont les mêmes, qu'il s'agisse de l'une ou de l'autre catégorie. Ce qui importe avant tout au début, c'est qu'il y ait unité de direction, première condition d'action efficace et de réalisations rapides là comme partout. Donc, avant tout, un directeur général, vrai ministre de la Santé Publique, de qui ressort tout ce qui touche à la santé et à l'hygiène civiles, militaires, indigènes, tout le personnel qu'il puisse, à son gré, interchanger suivant les aptitudes et les convenances, sans distinction d'habits ni de galons ; le "ministre" ayant d'ailleurs des sous-directions distinctes pour les troupes, pour l'assistance médicale".
« J'ai besoin d'un médecin qui s'engage à rester ici au moins quinze ans, sinon vingt ans, pour prendre en mains l'Assistance Publique civile, indigène et européenne, indigène surtout. Pour réaliser cela, il faut la continuité, vertu qui n'est pas spécialement française, mais il le faut ici ».
« Dans toute localité débutant par un simple poste d'occupation militaire, mais appelée, par son emplacement, ses possibilités, la richesse de ses abords, à devenir un centre de population civile et de colonisation, il faut, souligne Lyautey, concevoir et préparer, dès l'origine, sur l'emplacement le plus favorable, le quartier sanitaire, de façon à réaliser le processus suivant : - l'hôpital militaire commence. A mesure que la population civile arrive, on y ajoute, pour elle des locaux spéciaux établis sur le plan d'ensemble même.
- l'hôpital civil naît ainsi, progressivement, mais jumelé avec l'hôpital militaire, des organes et des personnels duquel il bénéficie au début, jusqu'à ce qu'il puisse vivre par lui-même.
Lyautey décore le Glaoui de la légion d'honneur.
- l'hôpital militaire décroît et alors, l'hôpital civil déborde sur lui, en empruntant ses locaux vides par des formules de remboursement administratif faciles à établir.
- l'hôpital indigène est autant que possible placé sur un emplacement contigu.
Enfin, au milieu du quartier sanitaire, doit être prévu un large espace où sont groupés à la fois tous les organismes industriels communs aux hôpitaux civil et militaire, avec d'autant plus de perfection et de dépenses qu'ils sont un au lieu de trois, et où sont installées également les cliniques des spécialités, ophtalmologie, laryngologie ... desservant les différentes formations ».
Lyautey crée auprès de chaque commandant de région civile et militaire "un médecin-chef de région, chargé de tout ce qui concerne la santé et l'hygiène civile, militaire et indigène, responsable, ayant la plus large initiative, liberté de décision et de mouvements, constamment en déplacement, dégagé pour cela de toute besogne administrative et de papier".
Dans une lettre à Foley du 18 août 1918, il écrit : "... tous mes services, militaires, civils, sont concentrés dans la main du directeur et décentralisés par régions ; nos hôpitaux régionaux commencent à sortir, et nous nous y attachons beaucoup aux spécialités. C'est ainsi que j'ai maintenant, dans toutes les villes principales, des dispensaires anti-syphilitiques, j'en ai également à Fès contre la teigne et les maladies des yeux..."
Et de conclure:
« Certes, l'expansion coloniale a ses rudesses, elle n'est certes ni sans reproches ni sans tares, mais si quelque chose l'ennoblit et la justifie, c'est l'action du médecin comprise comme une mission et un apostolat »